Notre enveloppe, notre peau : on la soigne pour qu’elle soit belle, tonique, pêchue. On l’hydrate, on la regarde sous tous ses pores, on la protège, on en prend soin. Et si dedans c’était pareil ? Notre psyché dans une peau, en écho avec celle de notre corps ?
A fleur de peau ?
Manque de peau! Certains jours, je me sens fripée, tiraillée, plus vieille qu’hier, ça tire, ça gratte, je suis un peu à fleur de peau, je suis en manque de peau. Au contraire certains matins, je suis pimpante, j’ai la peau douce et lisse, hydratée, pêchue, j’ai fait peau neuve!
Comme je suis alors mieux dans ma peau !
Notre enveloppe corporelle et notre enveloppe psychique
La peau, tout un programme, tout un monde ! Notre enveloppe physique, visible, tangible, noire, les blanche, bleue de froid, rouge de honte, allergique, abîmée, tatouée, bronzée…, et puis notre ambiance interne, notre enveloppe psychique.
Voilà bien 2 peaux, dehors/ dedans, en dialogue, 2 enveloppes reliées en permanence, en écho l’une avec l’autre.
Didier Anzieu et le Moi-peau
Didier Anzieu, En voilà qui n’a pas tourné autour du pot, ou au contraire qui a aimé la peau, nos peaux! Et nous avons bien du pot parce que ses recherches, son analyse, comme psychologue, psychanalyste, agrégé de philo, prof d’Université, concentré sur le psychocorporel, sont passionnantes.
Il est parti de toutes ces incroyables métaphores autour de la peau, toutes ces petites phrases qui en disent long. « Je t’ai dans la peau », « tu me fais suer peau de vache », » caresser dans le sens du poil », « je vais lui faire la peau », « je vais y laisser ma peau »…Il a creusé le lien, le rapport, entre les deux enveloppes, corporelle et psychique.
Comme notre corps est enveloppé de notre peau, de même notre psychisme à l’intérieur est enveloppé d’une peau. Cette dernière a les mêmes fonctions, mais dedans, en nous. Une enveloppe interne qui est marquée de notre vécu, qui maintient nos vécus, qui les contient, qui est individuelle, unique. Cette enveloppe de notre psychisme, Didier Anzieu l’a nommée le Moi-peau.
Les mêmes manques dedans et dehors
Notre corps et notre psyché sont reliés. Nous ne sommes pas un sac vide, un contenant creux! Nous tenons intérieurement une vie sacrément dense, une vie sacrée. Ce que notre corps a vécu, en bon en rude, ce qu’il a reçu, ce qu’il a subi, n’est pas marqué seulement sur notre corps. Ce vécu est bien sûr marqué de façon analogue à l’intérieur.
Notre vécu est imprimé sur notre psyché : nous sommes marqués de tatouages internes.
L’enveloppe dès la naissance puis au fil des séparations. La mémoire de la peau
Ce Moi- peau s’acquiert tout petit.
Au début l’enfant et la mère font peau commune, et puis petit à petit au fil des séparations, l’enfant fabrique sa propre enveloppe. Plus les séparations sont vécues sereinement, plus la protection interne est solide. Au début nous sommes dans la même enveloppe, peau à peau, puis nous nous constituons notre propre enveloppe, peu à peu…
Fabuleux non ? Et vertigineux aussi. Parce que cela veut dire que ce qui s’est mal ou pas passé, les soins qui ont manqué, les massages avec amour, les séparations déchirantes, laissent des marques sur l’enveloppe interne. L’enveloppe peut être alors abîmée, fragile, trouée, poreuse, déformée…
L’art-thérapie répare les manques d’enveloppe
Il y a alors besoin de soins de rattrapage. L’art- thérapie offre une enveloppe de rattrapage, qui colmate les trous, les bosses, qui redonne une qualité à l’enveloppe. L’art-thérapie comme un baume, cicatrisant, adoucissant, des soins qui réparent, qui protègent. L’art-thérapie restaure notre enveloppe interne.
Et peu à peu, le Moi-peau fait peau neuve….