La puissance des mots sur les maux ! Pas seulement les mots qui se formulent, qui se disent avec un son, mais toutes les sortes de mots, c’est-à-dire d’expressions : les mots par la danse, par la sculpture d’une pierre, par la plume sur une feuille, la couleur sur une toile…Pour extirper les maux du silence qui les enferme.
La puissance des mots
Silence, ça pousse! Je ne sais pas si vous aussi votre cerveau mouline, mais le mien par moments est un peu fatiguant, pas facile à faire taire. D’un autre côté, il me sert bien et j’avoue que si je rêve quelque fois qu’il soit un tantinet plus calme, pour autant je ne suis pas vraiment prête à ce qu’il devienne plus mou. C’est quoi le juste entre 2 ? A vrai dire je n’en sais rien et finalement c’est bien comme ça.
En fait je l’aime comme il est, même en moulin à paroles.
Et vous savez pourquoi ? parce que j’aime la parole, les mots, les verbes, les adjectifs, leur musique, leur longueur, leur rythme. J’aime les mots, les mots en bouche, les mots de traviolle, les drôles de mots, les mots tout doux, les mots bizarres, et les mots à rallonge, même les gros mots je les aime ! J’aime les mots- devinettes, tout ce qui se planque derrière eux, les mots à double sens, les mots de surface qui veulent dire autre chose qu’on n’ose pas dire vraiment, les mots taiseux tout en points de suspensions, et puis les mots chuchotés ou carrément retenus, les mots-silence… qui en disent long…
Les mots silencieux
Ceux là ce sont sans doute les plus intenses, les plus profonds, les plus intimes, les plus beaux, ou les plus fragiles….Ils disent sans le dire, une douleur telle qu’on n’a plus qu’à retenir son souffle….On n’a plus qu’à se taire, près du silence de l’autre, à retenir le bruit du battement de ses paupières pour ne pas en rajouter, pour laisser la douceur envelopper l’impossible, envelopper l’insoutenable…
Et voilà où l’art-thérapie a sa place…Autour du silence de ces mots impossibles, qui ont tant de mal à trouver leur chemin, parce qu’ils sont recouverts de dénis nécessaires, d’oublis involontaires qui se sont posés là comme des nappes de survie, parce qu’il a bien fallu vivre et faire comme si c’était normal, parce qu’il n’y a pas eu d’espace pour déposer les choses , parce que par instinct de protection le cœur et le psychisme ont élaboré des tactiques inconscientes de refoulement des douleurs trop violentes, à l’insu de soi.
L’art-thérapie soigne les maux en silence
C’est ce que je trouve beau avec l’art-thérapie, c’est qu’elle intervient là, autour de ces silences, tout en respect du rythme et du besoin, un moment après l’autre, comme un réapprentissage de la marche après qu’on ait eu les jambes abîmées, malades, fragilisées, fracassées.
L’art-thérapie pour moi c’est un lieu où redire ce qui n’a pas pu trouver de voie de formulation, de chemin d’expression. C’est un espace où les maux peuvent être transformés en mots mais au-delà des mots justement, sans que ce soit frontal, sans qu’il y ait forcément besoin de mettre des sons sur ces mots, des sons oui pourquoi pas si on en a envie, besoin mais aussi par toutes les façons artistiques, par le corps en dansant, par la main en sculptant, par le nez en clownant..
Des mots de toutes sortes pour accueillir, réaccueillir les maux. Je trouve ça incroyablement fort. Ça peut avoir l’air de rien du tout, mais c’est d’une puissance ultra impressionnante. Des douleurs nichées dans des abîmes insondables ont à nouveau leur mot à dire, et ça les calme, et ça les soigne. Alors les amis, prenez soin de vous, au mot à mot !
L’art-thérapie, c’est cet espace offert aux mots de toutes les formes, un baume, un soin sur les maux les plus lourds…