Depuis toujours, depuis nos premiers instants dans le groupe familial, chacun fait l’expérience du groupe. Cette interaction si complexe entre notre solitude et « les autres ». La force porteuse ou les contraintes inhérentes au groupe, nous modifient, nous font cheminer. L’art-thérapie en groupe ? Un moyen de faire un beau et profond travail personnel en lien avec les autres !

Le groupe, un phénomène complexe

Quand j’étais adolescente, quand je marchais dans les tunnels du métro à Paris, avec toute cette foule d’humains pressés et stressés, j’avais souvent le sentiment d’être une chèvre de troupeau. Je me sentais un numéro immatriculé marchant rapidement derrière tous ces gens qui semblaient d’en avoir plein le dos. Alors pour exorciser mon malaise, je bêlais, je bêlais très fort, ça faisait rire les gens autour.

Trouver sa place au milieu des autres se fait souvent au prix d’un certain dépassement qui réclame beaucoup d’énergie. 

 Je suis épatée, intriguée par la complexité, la force, les caractéristiques de ce phénomène.

Qu’est ce qu’un groupe? Des membres, des humains en relation les uns avec les autres, parce que quelque chose les fait se rapprocher, se repérer, se constituer? Le lien affectif, le lien familial, sanguin, un lien politique, un lien social, sportif, culturel, artistique? Le lieu géographique, un lien d’entraide, de parole, un partage de rôles,? Ou bien encore un lien de peur, une cohésion pour être plus fort ensemble. Etre plus fort ou même plus dangereux ?

Sous toutes ses formes, sous tous ses formats, le groupe a chaque fois une énergie spécifique et des effets particuliers  

De l’intime au collectif

En art-thérapie, le groupe bien sûr a un sens et une force particulière. La thérapie en groupe est évidemment différente de la thérapie individuelle. A plusieurs, il y a toute cette articulation entre l’infiniment personnel, intime, individuel, et le collectif. Avec chaque interaction entre chaque membre, deux à deux et et chacun avec l’ensemble. Cette inter-subjectivité est fascinante, passionnante et d’une complexité que je trouve sidérante !

La palette des ressentis est immense : le sentiment d’appartenance ou d’exclusion, la cohésion ou les tensions, les complexes anciens réveillés, complexes d’infériorité, de supériorité. Tout cela génère un travail sur l’identité très riche.

Trouver sa place dans le groupe: un profond travail sur soi

Créer un groupe et en être l’un des membres c’est un boulot.  Trouver sa place dans un groupe quand il existe bien avant que vous y arriviez, se sentir à sa place, est un cheminement, que je trouve indicateur d’un profond et beau travail intérieur.

Cette adoption réciproque progressive par l’écoute, par l’accueil. Les tensions, les frictions inévitables parce que l’on est différents (dans nos êtres, dans nos histoires, dans nos fonctionnements), et le choix de se soutenir à travers ces différences. Si on arrivait à décoder dans un groupe l’invisible et à faire un scan, une photo des liens, de l’énergie, de chacune des interactions, je pense que ce scan donnerait un kaléïdoscope hallucinant !

Le groupe pour moi en art-thérapie peut être vraiment le lieu d’une très belle histoire personnelle et collective.