
Apprivoiser ? « C’est une chose trop oubliée, dit le renard, ça signifie créer des liens… ». Et si le soin passait par l’apprivoisement du patient par l’art-thérapeute ? Une approche des abîmes de l’autre dans le respect de son rythme. Avec le tact fin de celui qui ne sait rien à l’avance. Qui n’a pas de méthode ficelée, qui avance pas à pas vers l’autre pour le relever. Qui se sait lui-même petit. Et dans ce lien, et par l’œuvre, le patient en confiance apprivoise à son tour ses zones fragiles. Un voyage digne de St Exupéry !
L’art de l’apprivoisement
Apprivoiser, quel joli mot ! « Qu’est ce que signifie apprivoiser dit le ptit prince ? C’est une chose trop oubliée dit le renard, ça signifie créer des liens.. ». Tout est dit non ? Je trouve ce mot incroyablement doux! De fait, apprivoiser c’est rendre quelqu’un plus docile, plus doux, moins farouche, rendre privé, unique…
Fabuleuse avancée d’une personne vers l’autre qui demande de la patience, du tact, de la finesse, du recul, de l’audace à , une immense intelligence du cœur. Parce que pour apprivoiser quelqu’un il faut nécessairement avoir d’abord pris le temps de l’accueillir comme elle est, de comprendre la cause de ses réactions, de ses peurs, de ses blocages, de ses mouvements agressifs…On n’apprivoise pas quelqu’un avec un harpon, en le prenant par le collet avec une poigne de chasseur de mammouth! S’approcher réclame d’observer sans jugement, silencieusement au début, puis de trouver avec soin les moyens de s’approcher pas à pas, sans brusquer ni effrayer, en étant soi même petit, sans programme tout ficelé à l’avance, sans méthode applicable à tous les coups…Là, c’est un être face à un autre, deux fragiles qui ne savant rien l’un de l’autre, juste portés par un désir de lien.
Apprivoiser c’est se lier à l’autre
L’’art-thérapeute avec son patient c’est exactement ça : un apprivoisement progressif et patient. A bout de cette démarche d’approche tout en douceur et en respect, le patient lui-même apprivoise à sa façon le thérapeute, parce que l’un et l’autre ont créé ce lien…Et encore plus loin, grâce à ce lien construit dans la confiance et la finesse, le patient apprivoise en lui-même ses peurs, ses méandres, ses gouffres, et le soin se fait.
A mon avis, l’apprivoisement, qu’il ait lieu en thérapie ou dans la vie, soigne dans tous les cas, parce qu’il répond à cette soif humaine de fond de se relier au cœur d’un autre en profondeur…, mais en art-thérapie, il a cette particularité de viser les recoins bien enfouis de nos vies, de nos histoires et de nos psychés, et de les atteindre en douceur par le biais de l’œuvre. L’art devient le moyen par lequel le patient, une fois apprivoisé par le thérapeute, donc confiant, apprivoise ses abîmes intérieures.
Une belle histoire de prince et de renard, de patient et de thérapeute, d’humain et de cœurs !
Si l’ on cherchait sans cesse à s’apprivoiser les uns les autres, à se soigner, et à avancer dans cette délicatesse entre nous et en nous, ce serait alors clairement l’avant goût du paradis !
Une belle virée dans le ciel avec st Exupéry !